Cette semaine, le couple euro-dollar est mis à mal. L’euro est accusé par Trump d’être sous-évalué. Le billet vert, lui, baisse enfin, redonnant du souffle à Wall Street et aux sociétés américaines. Quant aux autres monnaies de référence comme le yen, le yuan et les dollars canadiens et australiens, elles souffrent plus que jamais des déclarations du 45e président des États-Unis et de sa politique protectionniste. Voici notre revue de presse sur les devises de la semaine.
Euro : la présidentielle pèse sur la monnaie unique
Et c’est un article de L’Express qui le dit. Alors que le premier tour aura lieu dans quelques mois à peine, la candidate FN semble avoir toutes ses chances d’être au second tour. Clairement en faveur d’une sortie de l’euro, ces perspectives menacent alors la monnaie unique, déjà bien fragilisée : « De Marine Le Pen, candidate “anti-euro” en France, à Mario Draghi, tout semble se liguer contre la principale devise du Vieux Continent. Mardi midi sur le marché des changes, la monnaie unique européenne cédait du terrain face à sa contrepartie américaine en abandonnant 0,70% à 1,0672 dollar l’euro, tout en restant pratiquement stable face aux autres grandes devises. (…) Les spécialistes estiment en effet que Marine Le Pen, candidate du Front National, est la seule qui semble sûre à ce stade de se qualifier pour le second tour des élections présidentielles françaises. Face à elle, MM. Fillon, Hamon, Mélenchon voire Bayrou peinent à s’imposer. » Et c’est sans compter les déclarations de Mario Draghi, président de la Banque centrale européenne (BCE), au sujet de la politique monétaire accommodante qu’il souhaite continuer de mener et qui ne semble pas arranger l’Allemagne dont la production industrielle a chuté de 3 % en décembre…
L’euro accusé d’être sous-évalué
Le feuilleton Trump et l’euro continue cette semaine. Draghi avait défendu l’Allemagne face aux accusations portées par Trump sur la manipulation de l’euro comme l’explique LesÉchos le lundi 6 janvier : « Le président de la BCE a défendu l’Allemagne, accusée par Washington de dévaluer l’euro. (…) Lundi, le président de la Banque centrale européenne a cependant commenté son action dans ce domaine, pour affirmer que la BCE ne « manipule pas les devises », lors d’une audition devant la Commission des affaires économiques du Parlement Européen. » En effet, « L’Allemagne affiche depuis des années un fort excédent de sa balance commerciale face aux États-Unis », ce qui a le don d’agacer Trump qui a déjà attaqué la Chine et le Japon sur les mêmes soupçons.
Le Courrier, quant à lui, précise les propos de Draghi à l’encontre de la grande puissance américaine : « Ces propos interviennent après que Peter Navarro, à la tête du Conseil national du commerce des États-Unis, a indiqué que l’euro était semblable à un « mark allemand implicite », dont la faible valeur donnait un avantage à l’Allemagne contre ses principaux partenaires commerciaux. (…)M. Navarro a également critiqué l’Allemagne, l’accusant de recourir à un euro « largement sous-évalué » pour exploiter les États-Unis et ses partenaires de l’Union européenne (UE) (…) Le président de la BCE a souligné que les politiques monétaires de l’UE ne faisaient que refléter les différences de cycles économiques qui existent entre la zone euro et les États-Unis.« Le marché unique ne survivrait pas sans des dévaluations compétitives régulières », a affirmé le président de la BCE aux parlementaires. »
L’euro baisse face au dollar
Et arriva ce qui arriva : après une relative stabilité du couple euro-dollar suite à la baisse du billet vert, l’euro a baissé par rapport au dollar cette semaine comme le rapporte cet article de ZoneBourse.com du mardi 7 janvier. L’article revient lui aussi sur les raisons de cette baisse : «L‘euro baissait face au dollar mardi, plombé par la montée des inquiétudes sur l’issue de la prochaine élection présidentielle en France et alors que la Banque centrale européenne (BCE) reste très accommodante face à une Réserve fédérale américaine (Fed) sur la voie du resserrement. » Ainsi, ce mardi, l’euro valait 1,0674 dollar contre 1,0752 dollar lundi. La monnaie unique a également baissé face au yen.
Des accusations de la part des États-Unis sur la devise européenne qui ont aussi suscité de vives réactions de la part de Jens Weidmann, président de la Bundesbank, la banque centrale allemande, comme on peut le constater dans cet article des Échos du 7 janvier : « La nouvelle administration américaine doit s’en prendre à elle-même davantage qu’à l’Allemagne pour le récent raffermissement du dollar face à l’euro, a déclaré mardi le président de la Bundesbank Jens Weidmann. Il a qualifié de « plus qu’absurdes » les accusations portées par l’un des principaux conseillers du président américain Donald Trump, selon lesquelles l’Allemagne profiterait d’un euro trop faible au détriment des États-Unis et de ses partenaires européens. »
Le dollar se tasse : Wall Street respire
Une monnaie forte a des avantages mais aussi des revers moins plaisants comme de grever l’exportation. Cette semaine, la pression se relâche sur le billet vert qui recule un peu selon Le Figaro : « La décrue, depuis le début de l’année, du dollar qui avait auparavant été propulsé par l’élection de Donald Trump à la présidence des États-Unis devrait apporter un bol d’air aux grands exportateurs américains.Le dollar qui avait littéralement flambé après l’élection de Donald Trump à la présidence des États-Unis, le 8 novembre dernier, cède du terrain depuis peu. Le billet vert a en effet perdu 2,6% en janvier face à un panier de devises, alors qu’il avait gagné plus de 7% au dernier trimestre 2016. » Et ça, c’est une bonne nouvelle pour les sociétés américaines.
Dimanche 5 janvier, Les Échos consacrait également un article à cette baisse tant attendue du dollar. Une baisse salutaire qui devrait être positive pour les prochains résultats des sociétés US au 1er trimestre 2017 : ainsi « les analystes anticipent une hausse de 11,5% des bénéfices des sociétés américaines au premier trimestre (…) « C’est bien parti pour un solide premier trimestre, surtout si on considère les chiffres de l’emploi et les indices de confiance des entreprises et des ménages; le sentiment va de mieux en mieux », a dit Brad McMillan (Commonwealth Financial) ».
La RBA maintient la pression sur le dollar australien
Côté dollar australien, la Banque centrale, la RBA, met tout en œuvre pour maintenir le dollar australien plutôt bas dans cet article du Figaro : « L’économie australienne est en transition après des années de croissance soutenue par les investissements du secteur minier et, pour l’accompagner, mieux vaut maintenir le dollar australien à un bas niveau. Le gouverneur de la Banque de Réserve australienne a de nouveau fait passer ce message aux marchés à l’issue d’une réunion de politique monétaire qui a abouti à un statu quo. Le principal taux d’intérêt de la RBA reste ainsi à 1,5 %. » Ainsi, si le dollar australien devait remonter, Commerzbank, deuxième plus grande banque allemande, estime que cela pourrait pousser la RBA à agir de nouveau, mais ne s’attend cependant pas à un relèvement des taux d’intérêt avant l’année prochaine.
Le Figaro revient également dans un autre article sur les taux australiens « historiquement bas » et la politique de la RBA qui a décidé de maintenir son taux principal à son plus bas « en raison notamment de la croissance « durable » de l’économie » : « Cette décision était largement anticipée, et le dollar australien n’a pas varié après la publication du communiqué de la RBA, demeurant aux alentours de 76,35 cents américains. L’économie australienne s’est contractée de 0,5% au troisième trimestre 2016, ralentissant le taux de croissance annuel à 1,8% à cause d’un recul des dépenses publiques et des exportations. Il s’agissait seulement du quatrième recul trimestriel en 25 ans, et du plus mauvais chiffre depuis huit ans, selon le Bureau australien des statistiques. »
Le dollar canadien sous tension
Les choix économiques et politiques de Trump depuis le début de son mandat continuent d’impacter son voisin canadien. Le gouverneur de la banque du Canada, Stephen Poloz, est ainsi, comme on l’apprend dans Les Affaires, en proie à des incertitudes : « Mardi lors d’une conférence à la School of Business de l’Université de l’Alberta, le gouverneur a fait état de l’incertitude que fait planer sur l’économie canadienne l’arrivée de l’équipe Trump à Washington, principalement à cause du discours protectionniste de la nouvelle administration. » Un dollar australien pas trop élevé est souhaitable si Poloz souhaite éventuellement renégocier l’Aléna avec Trump, celui-ci l’ayant très vivement critiqué ces dernières semaines. Affaire à suivre…
Les paiements en yuan en baisse depuis 3 ans
C’est un article d’Econotimes qui revient sur ces chiffres concernant les paiements en yuan à travers le monde en 2016 : « 2016 a été la pire année pour le yuan contre le dollar depuis sa libéralisation en 2005. Il a perdu 6,6 pour cent contre le dollar l’année dernière. » Ainsi, comme nous vous le disions la semaine dernière, la réserve de change de la Chine est passée sous la barre des 3 000 milliards de dollars. « Selon les calculs de Standard Chartered, les paiements effectués en yuan pour les transactions commerciales ne représentaient que 11,5 pour cent du commerce total de la Chine en décembre dernier, ce qui est le plus bas depuis 2013 et en baisse par rapport à 28 pour cent il y a un an. » Même si Pékin fait tout pour maintenir sa devise et « malgré l’ambition de la Chine et l’attitude protectionniste du président américain Donald Trump, le yuan est loin, loin, de remplacer le dollar sur la scène internationale ».
Le yen : l’exemple des méfaits d’une monnaie trop forte
Au pays du Soleil levant, on sait les dégâts que peut causer une monnaie trop forte comme le montre cet article de ZoneBourse.com au sujet des résultats de Japan Tobacco, éminente entreprise nipponne. En effet, les chiffres de 2016 ont nettement été grevés par un yen trop fort : « Le géant japonais Japan Tobacco a fait état lundi d’un recul de 13% sur un an de son bénéfice de 2016, ses activités à l’étranger ayant souffert d’un yen plus élevé. (…) À l’instar d’autres groupes faisant affaires hors de l’archipel, Japan Tobacco est pénalisé par la conversion en yens de ses recettes encaissées à l’étranger. (…) Ses ventes de cigarettes, qui représentent environ 80% de son chiffre d’affaires, ont cédé 14,7% en valeur à l’étranger alors qu’elles y ont progressé de 1,2% en volume. »
Toyota en revanche a été aidée par le repli du yen «mais reste sur la défensive face à Trump » comme titrait Le Point cette semaine. La baisse très récente du yen offre un espoir à la firme pour boucler l’année sur une note positive : « Toyota a fortement souffert du regain du yen depuis le début de l’exercice, même si la situation s’est un peu améliorée récemment. Il a aussi pâti d’une nette augmentation de ses dépenses, de marketing en particulier pour attirer les clients sur fond de morosité au Japon et de ralentissement aux Etats-Unis, ses deux premiers marchés. » D’autres facteurs risquent également de peser dans la balance pour le prochain exercice. Le doute reste entier suite aux déclarations de Trump, bien prêt à faire passer l’Amérique en premier et mettre en place une politique protectionniste : « Toyota a été pris pour cible par le président américain pour un projet d’expansion au Mexique. Mais, a précisé M. Otake, « nous sommes proches de notre pleine capacité aux États-Unis. Si nous devons bâtir d’autres usines, il nous faudra beaucoup de temps ». Le constructeur laisse ainsi entendre qu’il ne pourra guère aller plus loin après avoir déjà promis 10 milliards de dollars d’investissements sur le sol américain au cours des cinq années à venir, pour construire son nouveau siège et rénover ses dix sites industriels…»